L'enchanteur, Michel Maurice

L'homme

Michel Maurice (1937-2014) est un natif de Cornimont, charmant petit village de 3 200 habitants.  Surnommé le "facteur Cheval vosgien" par le Guide du Routard 2018 consacré aux Hautes-Vosges, son  œuvre s'inscrit dans le courant communément appelé "art brut".

 

Cet adepte de l'école buissonnière est un autodidacte qui n'a jamais suivi de formation artistique. La veille de ses 14 ans, il quitte les bancs de l'école, pour travailler - à l'instar de ses parents - dans une usine textile, où il demeurera ouvrier.

 

Michel ne vécut donc pas de son art mais vécut en grande partie pour lui, sans esprit de lucre. Pour nourrir les siens, il continua d'exercer son métier, jusqu'à ce que sonne l'heure de la pré-retraite en 1991, au moment même où l'industrie textile éprouvait dans les Vosges les pires difficultés (fermeture de sites, chômages...).

 

Notons enfin que tout au long de son parcours artistique, il fut épaulé par son épouse et ses 6 enfants. Après sa mort, ses ayants-droit ont fondé une association avec des amis et des amoureux de son musée afin de préserver l'intégrité de son œuvre. Pour ce faire, ils ont pu bénéficier du soutien de la municipalité de Cornimont, ville siège de toutes ses salles d'exposition et de l'actuel musée.

 

 

 

Ses débuts

Comme tant d'autres jeunes hommes de sa génération, il remplit ses obligations militaires en Algérie, à la fin des années 50. Or ses supérieurs prirent vite conscience que le soldat de 2e classe MAURICE était davantage poète que militaire, d'où son affectation au mess des officiers, dans une  région viticole, appelée Rio Salado (El Malah aujourd'hui), heureuse affectation qui laissait du temps à Michel pour découvrir la nature algérienne.

 

Il fut notamment intrigué par les formes tortueuses des ceps de vigne. C'est à partir de ces ceps qu'il commença  de monter des lampes de chevet  (voir photo ci-dessus). Paradoxe étrange, une vocation pour le travail du bois venait de naître en Afrique du nord chez cet enfant des Hautes-Vosges, environné depuis tout petit de profondes forêts !

 

Mais de retour d'Algérie, il abandonna  le cep de vigne pour travailler les essences de bois de sa terre natale qu'il s'agisse de feuillus (hêtres, frênes...) ou de résineux (sapins, épicéas). Dès les années 60,  il prit ainsi l'habitude de travailler le mouvement naturel des racines, branches, souches et autres éléments de la forêt vosgienne. Plus question de créer des lampes de chevet à l'infini mais de se laisser guider par la nature, devenue muse.

 

Quand la nature se fait art, quand l'art se veut nature...

 

Illustration Olivier CLAUDON
Illustration Olivier CLAUDON

Sa démarche

Sa démarche se distingue de celle des sculpteurs dans la mesure où il ne créé pas de toute pièce une œuvre et se contente de souligner le mouvement naturel du bois. Mais avant cela, il devait chercher en forêt ce qui se rapproche le plus de paréidolies. C'est ainsi que d'une vulgaire branche ou racine en apparence anodine, Michel faisait apparaître un personnage, un objet, une fleur ou tout autre sujet sorti de son imagination fertile.

 

Immédiatement il chercha à présenter - ce qu'il appelait désormais - ses "racines" au public, à commencer aux gamins qui passaient devant chez lui en rentrant de l'école. Leurs encouragements lui ont alors donné confiance et c'est par la suite qu'il exposa dans un immense tonneau à vin ses œuvres, puis dans une petite salle d'exposition, spécialement dédiée,  et enfin dans un véritable musée de 480 m2, de 1986 à 2014, année de sa disparition, dans un bâtiment construit en famille, juste derrière la maison familiale. Au total, la collection de Michel comptera plus de 1 400 racines, réalisées sur 5 décennies.

 

Pour conclure sur sa démarche, soulignons qu'il veillait à ne pas endommager le milieu naturel  ; c'est pourquoi il travaillait de concert avec les professionnels du massif vosgien dans le respect des normes du Parc naturel régional des Ballons de Vosges.

 

Vous pouvez retrouver Michel en action et en interview dans notre rubrique "Archives", grâce aux reportages de TF1 et de France 3.


Michel Maurice (1937-2014)

a working-class artist proud of his roots

 

 

The works exhibited at Thousand & One Roots are by Michel Maurice, a self-taught artist who supervised its construction.

 

Born to a textile-worker family of modest means, he was far from the world of artists. Nevertheless, he stumbled upon his vocation by complete chance during his military service in Algeria. It was in North Africa that it occurred to him to try woodworking. He started small, creating bedside lamps from vine stocks.

 

Having completed his military service he returned home, but due to the lack of vines he changed materials and began to create more original pieces. He decided to work with the branches and tree stumps found in the Vosges forests, always respecting their natural movement. A lucky choice, his first works were even stolen ! Far from being discouraged, he persisted and displayed his roots in a small exhibition hall, then in a larger museum. Ultimately, only disease would quell his passion. Nevertheless, in accordance with Michel’s wishes, in 2016 the museum was reborn at a site better suited to welcoming the public, in his beloved village of Cornimont.

 

Michel Maurice (1937-2014)

een kunstenaar uit de arbeidersklasse die trots was op zijn wortels

 

Bij Mille & Une Racines worden kunstwerken tentoongesteld van Michel Maurice, een autodidactische kunstenaar die opzichter was bij een spinnerij.

 

Michel komt uit een bescheiden familie van textielarbeiders, een wereld die ver van de kunst afstaat. Zijn artistieke roeping diende zich zeer toevallig aan tijdens zijn militaire dienst in Algerije. Het idee om met hout te werken komt in Noord-Afrika bij Michel op. Hij begint bescheiden door bedlampjes te maken van wijnstokken.

 

Terug in Frankrijk is Michel bevrijd van zijn militaire verplichtingen maar heeft hij geen wijnstokken meer. Daarom gaat hij over op andere materialen en begint hij originelere kunstwerken te maken. Michel kiest ervoor om met takken en boomwortels uit de Vogezische bossen te werken, waarbij hij hun natuurlijke beweging respecteert. Deze eerste kunstwerken waren zo geslaagd dat ze zelfs zijn gestolen! Michel laat zich niet ontmoedigen. Hij houdt vol en stelt zijn wortels tentoon in een kleine zaal die deel uitmaakt van een groter museum. Alleen zijn ziekte zal er uiteindelijk in slagen zijn passie te doven. Overeenkomstig Michels wensen wordt het museum in 2016 opnieuw opgezet in zijn geliefde dorp Cornimont, op een locatie die toegankelijker is voor publiek.

 

 

 

 

 

 

 

Michel Maurice (1937-2014)

ein Künstler und Arbeiter, der stolz auf seine Wurzeln ist

 

 

Die im Mille & Une Racines ausgestellten Werke stammen von Michel MAURICE – Textilarbeiter von Beruf und autodidaktischer Künstler.

 

Er kam aus einer bescheidenen Familie von Textilarbeitern, also eigentlich weit entfernt von der künstlerischen Welt. Aber während seines Militärdienstes in Algerien wurde seine Berufung geweckt. Dort, in Nordafrika, kam ihm die Idee, Holz zu bearbeiten. Er begann ganz bescheiden mit der Anfertigung von Nachttischlampen aus Weinreben.

 

Nach seinem Militärdienst kehrte er in seine Heimat zurück und da es dort keine Weinreben gab, begann er, noch originellere Stücke aus einem anderen Material zu schaffen. Er beschloss, die Äste und Baumstümpfe aus den Vogesenwäldern zu bearbeiten und dabei deren natürliche Bewegung zu respektieren. Leider wurden ihm seine ersten Werke gestohlen! Aber er ließ sich nicht entmutigen, sondern beharrte auf seinen Traum und stellte seine Wurzeln in einem kleinen Ausstellungsraum und später in einem größeren Museum aus. Am Ende konnte nur seine Krankheit seine große Leidenschaft besiegen. Auf Wunsch von Michel wurde das Museum im Jahr 2016 in seinem geliebten Dorf Cornimont eingerichtet, an einem Ort, der für sein interessiertes Publikum zugänglicher ist.

 


Michel  dans son ancien musée - crédit : Roland Dellinger
Michel dans son ancien musée - crédit : Roland Dellinger